lebeau19ème
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Journal de confinement
- Par fabienne-prajnana
- Le 19/06/2020
Journal, depuis ma grotte parisienne.
Je propose ici, mon journal de confinement, tenu au jour le jour.
Que fais-je de mes journées?
Comment, peut-être, au fil des jours, ce retranchement forcé me transforme, transforme mon ressenti.
Je vous présente ma grotte parisienne : un appartement parisien 3 pièces de 45 m2, où nous vivons à trois : mon mari Alberto, mon fils Olivier 19 ans, et moi-même.
Il est situé dans le 19ème, près de la place des fêtes, dans la très bien-nommée rue des solitaires ( mais comme me l'a fait remarquer , un jour , un pharmacien : " Bon, s'ils sont plusieurs, c'est qu'ils ne sont pas si solitaires que cela!"). Il est à côté d'un immeuble avec un petit jardin ; ma chambre est de ce côté et j'entends très bien les oiseaux ; le salon et l'autre chambre sont côté rue, une rue vivante, mais sans trop de voitures ( quasi piétonnière depuis 3 jours), face à des immeubles de plus grand standing avec des balcons : on peut aplaudir avec les voisins, à 20h. Il est à 10 mn à pied des Buttes-Chaumont: le parc est fermé, mais je fais ma promenade quotidienne en en faisant le tour et je peux observer les arbres en fleurs et les oiseaux.
J'ai arrêté tous mes cours de yoga ( je n'aurai aucun revenu pendant tout le temps de l'interruption et aucune compensation). Alberto, cuisinier, est en congé jusqu'au 15 avril (RTT, puis chômage partiel) ; Olivier est étudiant en anthropologie à Nanterre, et étudiant en piano au conservatoire (3ème cycle) : tout cela est fermé pour lui. Nous vivons donc notre aventure-confinement ensemble.
Jour 1 : mardi 17 mars.
Mise en jambes : il va falloir s’habituer à ralentir progressivement le rythme. En temps ordinaire, en dehors de donner mes cours de yoga collectifs et particuliers, chaque semaine, je prends : 4 cours de danse, un ou deux cours de karaté, trois ou quatre cours de yoga.
Alberto et moi avons fait notre promenade, le matin, avant le confinement : 1h30 jusqu’au Canal Saint-Martin.
Midi : le confinement commence. En bas, dans la rue, ça continue à grouiller pas mal ; deux jeunes s’installent sur le muret, en face, pour fumer en bavardant (ils y seront encore à 16h...).
Après-midi : je lis un peu Sylvain Tesson. J’ai fait ma petite réserve de livres de Sylvain Tesson, quelques jours auparavant, en prévision, et je ne lis pratiquement que cela depuis deux mois : il me fait voyager et m’aère l’esprit par l’expression claire, intelligente, poétique, simple et souvent drôle de ses ressentis. SI vous ne l’avez pas encore lu, je vous le recommande beaucoup, particulièrement Voyage en Sibérie, très de circonstance : Tesson y tient le journal d’une expérience de 6 mois dans une cabane solitaire dans les bois, dans les conditions hivernales très difficiles de la Sibérie. En ce moment, je lis L’Axe du loup : Tesson y tient le journal d’un itinéraire qu’il a suivi pendant un an à pied, en vélo ou à cheval, sur les traces d’un évadé du goulag, de la Sibérie jusqu’en Inde.
Puis j’ai regardé un peu les mésanges ( comme Tesson dans sa cabane), en me penchant à la fenêtre.
Puis j’ai fait une heure de yoga, tranquillou, avec beaucoup de pauses en savasana : j’ai fait ce qui me dénoue émotionnellement, ce que j’ai besoin d’entretenir et ce que j’ai besoin d’améliorer.
Puis j’ai joué un peu de guitare, pendant une demi-heure : les deux morceaux de Paco de Lucia que j’ai besoin d’entretenir. Pas encore assez de feu pour mettre en place quelque chose de nouveau.
Puis j’ai lu un peu les news en écoutant Paco de Lucia.
Alberto peint toujours beaucoup, il a installé son chevalet dans le salon et y passe ses après-midi. Olivier "fait ses choses" dans sa chambre ; à l'oreille, le piano semble occuper une bonne partie de ces choses. Comme dirait un artisan passé à la maison, il y a quelques mois : "C'est la maison des sportifs et des artistes"
20h : nous avons applaudi les médecins avec les voisins, puis j’ai dansé un peu, fenêtres ouvertes, sur la musique du voisin d’en face, fenêtres ouvertes également.
Repas. C’est Alberto, cuisinier, qui fait tout : je suis nullisime en cuisine.
Puis nous avons regardé un film médiocre à la télé, pour se distraire et partager (nous n’avons pas fait exprès de le choisir médiocre, nous n’avions pas d’idées).
Un peu de Sylvain Tesson, encore, avant de faire de beaux rêves.
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Jour 2. Mercredi 18 mars.
Levée à 7h. Petit déjeuner.
Puis une demi-heure de méditation.
10h30 : promenade de trois quarts d’heure, en solitaire (comme demandé), autour des Buttes Chaumont. Je suis un peu contrariée de voir beaucoup de personnes pas vraiment dans les rails par groupes de 2 3 ou 4, moi qui me donne la peine de tout faire bien. Les arbres sont en fleurs, les fleurs chantent à tue-tête. J’ai pris beaucoup de photos.
Retour : vaisselle, ménage, désinfection de tous les supports communs.
Repas.
14h. Deuxième promenade. Je suis sortie seule, mais j’ai retrouvé Alberto 5 mn après ; après une petite résistance, j’ai consenti à continuer à deux : après tout, tout le monde fait comme cela, et nous faisons tout bien, nous restons à distance (en fait nous faisons toujours comme cela lol). Encore le tour des Buttes Chaumont, puis nous continuons vers la rue Mouzaïa et revenons par les petites ruelles avec villas : on y a l’impression d’être en dehors de Paris alors que la Place des fêtes est tout de suite là, à 3 mn à pied ; les personnes jardinent leurs petits plants, les arbres sont magnifiques. Ensuite, je découvre plusieurs squares, derrière la place, dont j’ignorais même l’existence : arbres en fleurs de nouveau, quelle merveille ! En fait, avec ce confinement, je pensais rater l’éclosion du printemps que j’attendais tant, alors que, peut-être, je vais le voir, le sentir et l’entendre davantage que d’habitude car, finalement, en temps ordinaire, je suis assez « confinée » dans des studios et dans le métro. Sur la place, il y a quelques personnes, pas vraiment dans les rails encore, à se prélasser au soleil, ou deux personnes sur un banc à manger un sandwich : j’espère qu’ils viendront faire un peu des rondes par ici, sinon ce sera rapidement comme dimanche dernier (mon dieu ! si proche et une toute autre vie !) : pique-nique familial et bronzettes. Avant de rentrer, je reste un peu à regarder les oiseaux du jardin d’à côté : je suis toujours étonnée de voir de grosses tourterelles perchées sur des branches très fines. Un sentiment de paix, la chance d’habiter dans ce coin de Paris, dans cette rue, à côté de ce jardin, en ce printemps, faisant une pause de tout ; oui des gens meurent, moi, peut-être demain, mais c’est toujours le cas ; en ce moment, je suis vivante, et je profite de ce bout de printemps, les oiseaux, les fleurs, les arbres, le soleil, se laissent voir, même en plein Paris.
16h : une heure de yoga.
Pendant la relaxation qui suit ma petite séance, le sentiment de paix, de plénitude et de reconnaissance grandit. Je me sens en sécurité. Pendant que l’humanité est forcée de prendre une pause, la planète se repose et se répare, l’air n’a jamais été aussi peu pollué, les pêcheurs ne peuvent plus pêcher, les chasseurs ne peuvent plus « prélever » (quel mot affreux !) de sangliers, l’herbe des buttes Chaumont pourra se reposer plus longtemps. Et moi, je profite de ce repos. J’adresse un grand merci à je ne sais quoi. Certes, je ne gagne plus du tout d’argent et je n’aurai, pour ma part, aucune compensation mais, dans 3 ans, il n’y aura plus aucune trace de cette perte financière tandis que ce sentiment de paix qui est là restera en rappel dans mon ressenti.
Puis je fais 20mn de barre de danse (dans l’espace de 2m2, posant ma main là où je peux), allant à l’essentiel, penser surtout à garder des pieds forts.
Puis un peu de guitare.
Puis consulté un peu les nouvelles et mes messages. Puis, un moment d’écriture pour ramasser, comme ici, ce qui est vécu et ressenti. Tout cela en écoutant un concerto de Rachmaninov.
20h : applaudissements, un peu de danse et repas
Jour 3 : jeudi 19 mars
Rien de bien nouveau au niveau de mes activités du jour. J’ai seulement ajouté quelques zukis et bunkais de karaté à ma pratique corporelle de l’après-midi. Il y aurait beaucoup de travail. A mettre en place progressivement (car nous sommes partis sans doute pour 6 semaines). Je ne voudrais pas tout perdre du beau travail fait pendant des mois en yoga, en danse, en karaté. Mais nous sommes dans une dynamique de perte, de beaucoup de choses. Laisser partir, et quand il n’y a plus rien du tout, qu’est-ce qu’il reste ? qu’est-ce qui est là, toujours ? C’est cela le vrai chemin. Pour le moment, pas envie de me dépouiller ainsi, pas prête encore pour cela, et toujours dans une dynamique de m’entraîner, garder mes acquis et même aller plus loin. Je suis là- dedans depuis que j’ai 3 ans, même quand je médite (méditer de mieux en mieux, quelque chose dans ce genre : qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? rien du tout, vraiment). L’occasion de laisser partir, est-ce que je la prendrai, est-ce qu’il faut la prendre ?
Jour 4 : Vendredi 20 mars.
C’est le printemps, et il fait très beau. Les oiseaux sont toujours aussi joyeux.
Mais les humains sont plus tendus que la veille. Les news ne sont vraiment pas bonnes, et le parisien indiscipliné s’est fait engueuler par tout le monde. Il y a pas mal de tensions, provinciaux contre Parisiens, employés contre employeurs et vice-versa, population contre gouvernement et vice-versa, prolétaires contre bourgeois. Rien de neuf, bien sûr, mais, depuis hier, ces nœuds se sont serrés : il faut trouver un responsable, il faut trouver un con qui comprend rien et qui se conduit mal.
En promenade matinale, à 9h, le nombre de tousseurs, racleurs, éternueurs, renifleurs a triplé, et, pour beaucoup, ne font pas attention. Marcheuse, je n’ai fait que slalomer entre les joggeurs racleurs pour garder la distance et cela n’était guère agréable. Je me retrouve un peu dans la même situation que pendant les grèves : le piéton qui doit regarder dans tous les sens pour éviter vélos, bus, taxis, voitures, trottinettes qui débouchent de partout. Sauf que maintenant, l’enjeu est plus vital. Il faudra sans doute que je renonce à mon itinéraire autour des Buttes Chaumont où il y a trop de joggers, et trouver un autre itinéraire moins couru.
Bref, j’aurais aimé écrire des choses plus ensoleillées, mais moins de sérénité depuis hier après-midi. Une vague. Attendons, une prochaine vague, différente.
Samedi 21 mars.
Levée à 6h30. Petit déjeuner. Puis Méditation d'une demi-heure.
Il fait très frais et couvert. Perdu presque 10°
9h30 : promenade du côté du parc de Belleville, partant de la rue Pradier et revenant par la rue des cascades.
Le parc de Belleville, bien que je sois passée plusieurs fois devant (et une fois dedans, paraît-il), je ne l’avais jamais vu vraiment. De l’esplanade, on a une vie panoramique sur tout le grand Paris, la tour Eiffel, la tour Montparnasse; sur le côté, beaucoup plus localement, sur l’église de Ménilmontant. En empruntant le petit passage qui longe le parc en direction de la rue des Couronnes, il y a de belles plantations de fleurs ; en bas du passage, un espace d’arbres et de friches ; j’adore voir des friches dans Paris : il y a encore de la place pour une vraie nature dans certains coins de Paris. Rue des cascades, il y a des petites cours avec de beaux arbres ; ce qui me met plus à l’aise qu’avec les petites villas du quartier Mouzaïa, c'est qu'ici, ce n’est pas luxueux, c’est le moins que l’on puisse dire. Vu à fenêtre, un joli panneau : «Coucou, les gens, vous nous manquez ! »
Pour le reste de la matinée, j’ai fait un grand ménage sous le lit car, hier soir, une araignée est venue sur mon lit et jusque sur mon visage pour me dire : « C’est cool, sous ton lit avec ces cartons et la poussière, j’ai installé ma famille ! ». Je l’ai virée du lit, mais au matin, je l’ai trouvée sous mon drap du dessous ! Elle a dormi avec moi ! Ce n’’était pas vraiment une toute petite araignée ! Je l’ai virée dehors, sur le toit de la maison dédiée aux oiseaux ; en faisant le ménage sous le lit, j’ai rencontré un de ses bébés : il est allé la rejoindre. Je n’avais pas encore pris la décision de nettoyer à fond ce dessous de lit, car c’était le terrier de feu mon lapin, je ne voulais toucher à rien. C’est fait.
Dans l’après-midi, yoga et petite barre de danse.
Puis une deuxième courte promenade.
Oui l'activité-se-dégourdir-les-jambes e se mue pour moi, en promenade plaisante où je profite du printemps, où je découvre mon quartier d’un autre œil. Je revendique le droit à trouver plaisir à mes sorties, du moment que je le fais avec toute précaution et sans ostentation, et rien que de ce que je fais ne peut contribuer à la propagation de qui-vous-savez
Dimanche 22 mars
A l’heure où j’écris , il fait beau à ma fenêtre ; il y a du soleil et les oiseaux chantent, et je ne trouve pas motif à m’attrister et à m’inquiéter, pour ce matin.
Mardi 24 mars
Tout va bien. Il fait beau et un froid revigorant. Pour le moment, je n'introduis que quelques variations à ma routine quotidienne, je n'ai rien entrepris de nouveau, et aucun ennui ne s'est profilé
Mercredi 25 mars
Ce matin, à 9h30, j’ai fait mes bunkais de karaté sur le terrain de pétanque, en face des Buttes-Chaumont.
Jusqu’à présent, je me sentais très timide pour faire cela : peur des regards, des moqueries.
C’est la première fois qui coûte, maintenant cela ira tout seul.
Tout de suite, les joggers ne sont plus passés près de moi, et j’étais concentrée sur ma pratique. Les Buttes Chaumont sont le lieu habituel des pratiques étranges par des personnes étranges, particulièrement les pratiques asiatiques. Ma pratique n’a rien d’étrange, peut-être juste un peu surprenante venant d’une personne comme moi. Mais, après tout, ce n’est pas mal ce que je fais et il n’y a là rien de moquable ; s’il venait à l’idée à ceux du balcon de regarder, pourquoi pas, cela leur ferait une distraction. Donc, c’est bien, cela, c’est mis en place, et je sais maintenant où et quand pratiquer mon karaté quotidiennement. Ce n’était pas commode de faire cela sur du gravier, avec des baskets et un anorak et des personnes autour, mais, dans certaines écoles, les japonais font bien pire que cela. Je me préparais pour le passage de grade du 3ème dan, qui était prévu le 25 avril ; vraisemblablement, ce sera annulé : nous serons encore en confinement. J’espère que la fédération le reportera avant juillet, que je sois débarrassée de cela avant l’été.
Autres projets annulés. Nous devions partir en Andalousie, le 11 avril. Nous sommes confinés, ils sont confinés, le vol est annulé (et pas remboursé…). En Andalousie, je parraine une magnifique louve blanche, Nukka, depuis 6 ans. Elle vit une vie heureuse, dans un très beau parc de loups, dans les collines andalouses. C’était l’occasion d’aller la voir une dernière fois, car elle est très âgée (13 ans ; l’espérance de vie des loups, c’est comme celle des gros chiens, et aucun de leurs loups n’a dépassé les 13 ans). Je ne sais pas quand j’aurai l’occasion de retourner en Andalousie, mais je doute qu’elle soit encore là. Cela m’attriste beaucoup : cette louve est très chère à mon cœur. Nous devions partir aussi aux Etats-Unis, dans l’Ouest, tous les trois, cet été. Je doute que cela soit possible. Je ne suis jamais sortie de l’Europe, et Olivier doit partir au Pérou, pendant un an, le 15 août, avec Erasmus : c’était donc l’idée de faire un dernier voyage ensemble, plus beau encore que tous les nombreux autres que nous avons faits ensemble, à travers l’Europe. J’espère qu’Olivier pourra partir au Pérou, même si cela peut être légèrement différé d’un ou deux mois : tout son effort et sa pensée sont tendus vers cela depuis des mois. Les humains font des projets. La vie suit son cours, son rythme, ses cycles, et balaie tout cela avec indifférence. Se dépouiller de cette habitude à s’accrocher à des projets comme s’ils étaient des ordres.
Vendredi 28 mars.
Au 11ème jour, les journées se déroulent suivant toujours une même routine qui s’est installée. C’est un peu "le jour de la marmotte" qui se répète, avec seulement quelques petites variations.
Je me réveille très tôt, comme toujours, entre 4 h et 6H. Je déjeune. Si je me suis réveillée très tôt, je me recouche ensuite pour me relaxer dans mon lit, il m’arrive de me rendormir un peu. A 6h, j’ouvre la fenêtre, en restant bien au chaud dans mon lit, pour écouter le premier concert des oiseaux, ils sont nombreux et variés. Il va falloir que j’apprenne à un mettre un nom et une image sur chaque instrumentiste et soliste.
6h30 une demi-heure de méditation, puis pranayama.
9h, je sors pour aller faire mon entraînement de karaté sur le terrain de pétanque en face des Buttes-Chaumont.
10h, je trouve un coin de l’appartement à astiquer à fond et à ranger. Puis il me reste souvent du temps pour messages, news, lecture avec de la musique (ce matin, concerto de Aranjuez avec Paco de Lucia à la guitare)
Repas. Puis consultation des news.
14h, je pars avec Alberto en promenade. Quelle chance d’habiter ce coin du 19ème ! (il n’est pourtant pas très réputé auprès de beaucoup de personnes). Il est à part, en hauteur, et il reste quelque chose de l’ancien village ; il y a la présence des Buttes-Chaumont bien sûr, mais aussi plein de recoins avec des petites maisons, des petites rues, des belvédères avec des vues superbes sur Paris, beaucoup d’arbres, d’oiseaux, de fleurs, de chats.
16 h, le moment de mes pratiques : yoga, danse, guitare.
18h, j’ouvre la fenêtre et m’assois bien emmitouflée devant la fenêtre pour écouter le concert du soir des oiseaux.
18h30, news, lecture, écriture avec musique. Puis repas et applaudissements, conversations.
Puis, nous regardons un film à trois ; en ce moment une série, « Better call Saul » : c’est simple, assez drôle, divertissant. Juste 1h. Puis lecture (Sylvain Tesson, en ce moment, encore et toujours). Extinction des feux entre 22h30 et 23h30. Nuit paisible.
Moi cela me va vraiment très bien. J’avais grand besoin de cette pause, cela devenait lourd d’aller et venir toute la journée et soirées. Ce qui sera difficile, ce sera de reprendre. Rien ne me manque, juste triste de ne pas avoir pu aller en Andalousie voir une dernière fois ma chère louve Nukka.
Peut-être que cette routine immuable va varier dans la durée, des choses qui s’ajouteront, ou peut-être qui se retrancheront (peut-être juste manger et regarder et écouter les oiseaux…)
Dimanche 29 mars
Aujourd'hui ma très chère louve andalouse, Nukka, est décédée. Finalement, même si mon voyage avait été maintenu, je n'aurais pas eu le temps de la revoir une dernière fois. C'est un jour très spécial pour moi, endeuillé de ma petite reine blanche. Mon coeur pleure.
Samedi 4 avril
Cela fait presque une semaine que je ne suis pas passée par ici : c’est que je n’ai pas le temps, je suis carrément surbookée :D Quelque chose est venu bousculer la petite routine dans laquelle je m’étais installée : une demande de cours de yoga en ligne s’est manifestée de la part de certains élèves, à laquelle j’ai donné suite. Cela demande beaucoup de gestion, d’organisation, de préparation, avec un outil auquel je ne suis pas habituée. Du même coup, la douce ataraxie dans laquelle je me reposais a laissé la place à un petit survoltage : la veille du premier cours, je n’ai pas du tout dormi ; tous les services sont restés allumés toute la nuit, j’étais un peu comme mon ampli qui, depuis 3 semaines, ne peut plus s’éteindre, à moins qu’on ne le débranche. Au début, il y a eu protestation des cellules nerveuses : « Quoi ?! il se passe quoi, là ? on était peinardes, on n'avait rien demandé ! ». Puis, un accueil : oui, après un petit repos, on ne peut s’installer nulle part, il faut avancer avec le flux de la vie, il y a des choses à apprendre et connaître, et ce n’est pas forcément celles auxquelles je m’apprêtais au fond de mon lit (comme apprendre les noms et la vie des oiseaux, des fleurs, des arbres). En ce moment (et toujours, en fait), il y a besoin de tout le monde, avec ce qu’il sait faire. Je ne sauve pas des vies, je ne tiens pas un commerce « essentiel » (on peut survivre sans yoga et sans méditation), mais en cette période d’inquiétude et de confinement, oui le yoga est demandé et est le bienvenu. CQFD. Donc de belles choses à découvrir, là où je ne les attendais pas. Tant mieux.
Je continue une partie de ma routine quotidienne : les promenades, la méditation, mes pratiques de yoga et danse ; mais la gestion descours en ligne vient prendre sur certaines activités. En premier lieu, la consultation des news, presque réduite à rien, maintenant : je n’ai jamais été très inquiète au sujet de M. Virus (un peu, quand même, surtout au début), mais là le monsieur est complètement relégué au lointain, comme dans un univers de SF. Cela prend aussi sur la lecture, la guitare, et aussi l’écriture, donc. Et aussi le ménage : ça c'est un peu plus embêtant, j'avais pourtant bien commencé avec un coin à astiquer par jour... Bon, les choses vont trouver à s'équilibrer et s'organiser. Soit.
Aujourd'hui, il fait très beau, et les températures se sont bien radoucies. Très bien: on va pouvoir ouvrir la fenêtre, de nouveau !
Mardi 7 avril
Creux de vague, ce matin. Un peu découragée. Laisser passer la vague. Arrêter de m'agiter, de nouveau. Se poser, se reposer, revenir vers l'intérieur.
Ce matin, j'écoute les valses de Chopin, dans mon lit, en lisant Sylvain Tesson. Il y a plein de soleil dans ma chambre. Alors M. Virus peut bien se la péter...
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Cet après midi, joie, j'ai vu les premiers papillons, une dizaine de papillons blancs qui batifolaient dans l'herbe aux Buttes-Chaumont, tout étonnés de savoir voler.
Vais-je me transformer comme eux?
Vendredi 10 avril
Hier matin, j’ai nettoyé la cuisine. Elle ne fait que 2m2 mais My God ! ça m’a pris toute la matinée : il y avait des familles de crasseux installées là depuis des lustres qui se sont demandé ce qu’il leur arrivait (« Non pitié ! Pas d’expulsion pendant le confinement ! »). Il va falloir que je trouve moyen à organiser mon temps, après le confinement, pour ne pas laisser la saleté s’installer comme cela.
Les cours de yoga en ligne se passent bien. Il y a encore à améliorer, mais, globalement, les personnes sont très contentes. Cela me prend maintenant moins de temps à organiser, j’apprivoise l’outil. J’ai converti ma famille. Alberto fait ses cours de karaté pour enfants avec zoom. Olivier, plus long à convaincre, va faire un cours de piano avec Skype avec un de ses élèves. C’est bien, cela ouvre notre champs relationnel hors de notre petit cercle, et nous restons dans le flux donner-recevoir.
Les promenades sont belles. Il fait incroyablement beau depuis le début du confinement. C’est un des plus beaux printemps que j’ai connu. Les arbres en fleurs explosent. Au bout d’une rue méconnue (encore oublié son nom, c’est bien comme cela elle reste méconnue et rien que pour moi…), il y a une vue sur le Sacré-Cœur, peut-être la plus belle de Paris. Bon je trouve cette meringue assez moche, mais l’ensemble est très beau ; cela fait comme un diptyque : en face, la Meringue et sa vigne ; côté 19ème, il y a un vallon très vert et cultivé, avec des vignes également, des ruches, des plantes aromatiques. C'est un quartier hyper tranquille, seulement connu des riverains qui y ont des petites maisons (et aussi de quelques fumeurs de joints qui y sont bien tranquilles). Il se mérite : il faut monter de nombreuses marches pour y accéder. Oui, voilà, la butte Bergeyre.
Dimanche 12 avril
Pâques. Les cloches de l'église Saint-Jean Baptiste de Belleville, c'était beau. Cet après midi, il a plu, j'ai fait ma promenade sous la pluie. Hier, c'était le jour des cerisiers roses, aujourd'hui c'était le jour des lilas odorants. Parfumerie dans la rue. Il y avait du vent : au retour, des milliers de pétales roses jonchaient le sol. Les cerisiers perdent leur parure, beauté éphémère. A l'année prochaine.
Lundi 13 avril
Depuis que les joggers sont interdits entre 10h et 19h, les promenades sont bien plus agréables. D'un autre côté, quand je veux faire mes katas et bunkais de karaté, entre 9h et 10h , il y a bien plus de joggers qu'avant et ce n'est pas évident de trouver mon espace. J'ai trouvé un autre lieu, bien plus tranquille mais moins discret. Ou bien, un jour, peut-être essayer de le faire à la japonaise, entre 4h et 5h, et peut-être parsemer le terrain de clous ou de bouts de verre, pour plus de fun...
Ce matin, les cerisiers continuent d'abandonner toute leur parure au sol pour faire des tapis roses. Il y a un petit peu de vent, les pétales volent, on se croirait dans un Miyazaki. Dans trois jours, il n'y aura plus rien sur les arbres. Je trouve cela un peu triste. Comment on s'accroche aux choses, alors que les fleurs et les arbres ne le font pas. L'arbre n'est pas triste : il a fait son travail, maintenant il passe à autre chose. J'ai ramassé quelques fleurs, je les ai mises à sécher dans un bol tibétain. Ces arbres m'ont fait passer trois magnifiques semaines. Maintenant, je vais regarder les lilas.
Samedi 18 avril
Bonne épreuve pour moi cette semaine : depuis mardi, ma voisine a fait reprendre chez elle les gros travaux très bruyants commencés en janvier. J'ai 0 tolérance au bruit, même en temps ordinaire, alors là... la vie a trouvé mon point faible. Ce sont de gros bruits, démolition de murs etc... Le confinement qui m'avait été très doux jusque-là ; d'un seul coup , comme si tous les nuages d'orage s'étaient accumulés au-dessus de ma tête. Ma voisine habitant chez sa soeur pendant ces travaux, contactée par message, n'a montré aucun mouvement d'effort, augmentant encore par là mon refus et ma rébellion. Le lendemain, en promenade, me sont venues tout un tas de belles pensées philosophiques d'acceptation (la conscience très vive que refuser ce que je ne peux pas changer me prenait beaucoup d'énergie ); mais chez moi, sous les coups de marteau, toute cette philosophie se dissolvait en un NON! Mais, pour ne pas dissiper encore plus d'énergie, je ne vais pas ajouter au refus, le refus du refus. Aujourd'hui, trêve : ils ne sont pas là, et demain non plus. Nous verrons lundi ( mais v'là t'y pas que le voisin du dessus, qui tape je-ne-sais quoi depuis des années, se met à taper à leur place). L'humanité ne pourrait-elle pas chanter aussi joliment que les oiseaux, plutôt que se plaire à faire du bruit en faisant des travaux qui ne servent à rien? Non, apparemment, elle ne peut pas.
Dimanche 19 avril
11h30. Beau dimanche calme et ensoleillé qui commence très bien. Profitons bien.
Jeudi 23 avril
Lundi, j'ai vu la première coccinelle.
Mardi, une bande merles, dans l'herbe, aux Buttes-Chaumont.
Mercredi, un petit chien s'est introduit dans le parc des Buttes-Chaumont en passant sous la grille. Il se roulait dans l'herbe et était fou de joie. A l'entrée de la villa Claude Monet, un monsieur (peut-être habitant dans la rue), s'était assis sur un petit siège avec sa guitare. Il chantait un blues avec une très belle voix. il était avec un petit enfant. Les marronniers des Buttes-Chaumont étaient immenses, se déployaient par dessus les grilles, pour faire une voûte au-dessus de la rue de Crimée et de l'avenue Simon Bolivar; leur floraison était à l'apogée de leur beauté, les marronniers à fleurs blanches s'étiraient pour aller saluer les marronniers à fleurs rouges, de l'autre côté de la rue. De ma fenêtre, j'ai vu M. Et Mme pie sur le toit d'en face, vaquant à leurs affaires. Mes cours de yoga en ligne fonctionnent bien, l'outil devient familier, je peux affiner et me rapprocher de plus en plus de la qualité des cours en présence. Les élèves sont nombreux, contents et très réguliers.
Jeudi, les fleurs des marronniers commencent à tomber, il pleut des fleurs.
Cela sent le déconfinement. Je n'ai pas envie de retourner à l'école. Pourtant, après avoir su confiner, il va bien falloir savoir déconfiner, maintenant. Encore un peu de temps avant d'avoir à repartir à droite à gauche toute la journée.
Lundi 27 avril
Depuis quatre jours, le retour des moustiques. Après le bruit, mon deuxième ennemi. En fait, ce sont deux ennemis alliés, car ce qui me gêne chez les moustiques, ce ne sont pas leurs piqûres, mais leur bzzz dans les oreilles, pendant la nuit. J'ai acheté, pour les chasser loin de moi, des huiles essentielles de citronnelle et de géranium. Beurk ! je comprends qu'ils détestent l'odeur. Et j'ai aussi acheté deux géraniums pour mettre à ma fenêtre : s'ils n'arrivent pas à les éloigner, ils feront les jolis.
16h, orage. Nous sommes partis pour 15 jours de pluie presque non stop, je crois, pour terminer ce confinement. Ce sera beaucoup moins bien pour les promenades, mais après 6 semaines d'un grand soleil sans aucune pluie, les arbres et les fleurs, qui ont fait mon bon plaisir, ont très soif, à leur tour ! Et les oiseaux, chanteront-ils encore avec la pluie ? - j'en doute.
Cela sent de plus en plus le déconfinement, de plus en plus de monde et de voitures dans les rues. Cela m'embête : je n'ai pas du tout fini tout ce que j'avais à faire. Je ne sais pas reconnaître un chataignier, je ne reconnais pas quel oiseau chante ; j'ai nettoyé l'appartement, mais je n'ai rien rangé : il y a un placard où tout s'écroule quand on l'ouvre, on dirait le placard à Gaston Lagaffe
1er mai
Ce matin, je suis partie en promenade à 7h. Pendant 1h30. Jusqu'au bassin de la Villette, puis Butte Bergeyre. On entend mieux les oiseaux à cette heure-là, moins de voitures et un peu moins de joggers. Mais encore trop : il faudrait partir à 6h, aux premières lueurs de l'aube. Les oiseaux commencent à chanter à 5h 30 ; c'est l'heure à laquelle je me suis levée, donc, c'est faisable. A refaire donc, en mieux.
Des tapis de fleurs de marronniers au sol (mais il en reste encore pas mal aux arbres), les lilas et les roses sont beaucoup moins beaux qu'hier, apparemment pas très heureux de la journée de vent et de pluie d'hier. Toutes ces fleurs au sol ou qui commencent à fletrir, ce ciel gris et ce vent, me rendent assez mélancolique. On dit le joli mois de mai, mais je trouve mars et avril bien plus glorieux, quelles fleurs vont éclore, en ce mois de mai? Surprise ? En plus de cela, ou lié à cela, depuis 3 jours, l'ambiance familiale est devenue très grise et venteuse également ; nous faisons nos promenades séparément. Gros creux de vague.
Il y avait de petites cerises sur le cerisier de la rue Édouard Pailleron : c'est la bonne nouvelle d'aujourd'hui. J'ai failli ne pas faire ce détour, mais j'ai voulu aller prendre des nouvelles de lui depuis qu'il avait perdu ses fleurs.
Je ne suis pas autorisée à reprendre mes cours en présence dès le 11 mai. Tant mieux, je ne me hâte pas de retrouver les transports, et les cours en ligne fonctionnent très bien et sont agréables à vivre. Je vais pouvoir faire la reprise très progressivement, ce que je souhaitais. Le lundi 11 mai ressemblera, pour moi, comme deux gouttes d'eau au dimanche 10 mai, sauf que je vais faire une maxi promenade sans regarder l'heure et sans papier dans ma poche. Et puis Paris aura retrouvé probablement une grande partie de son bruit. Ou pas. Les oiseaux, il faudra aller manifester.
Samedi 2 mai
Aujourd'hui, je suis allée me promener un peu au-delà du périmètre : le bassin de la Villette, puis en continuant un peu sur le quai de la Loire, jusqu'à l'entrée du parc de la Villette, à l'accès barré par de grandes grilles. J'ai vu un cygne couver sept énormes oeufs. Il s'est relevé un instant pour les arranger mieux, il a rassemblé longuement autour de lui des brindilles et du duvet. Comment cette future maman a t-elle appris à faire cela si bien? Elle m'a rappelé feu ma lapine blanche comme un cygne (stérilisée à l'âge de 4 mois) qui faisait chaque jour jusqu'à ses derniers jours de mamie très âgée, d'énormes nids de foin pour ses futurs lapereaux. Nous ne faisons pas cela si bien. J'ai vu aussi un couvert qui se laissait aller joyeusement avec le courant. Je n'avais plus vu de couvert depuis tout ce temps, cela m'a fait bien plaisir de revoir ce très sympathique animal. Il y avait du monde dans les rues, comme un week-end de beau temps. Les gens, il faudrait nous ouvrir les parcs, et nous laisser partir là où on veut pendant le week-end de l'Ascension : ça va, on est grands, on a compris le message, mais on a assez donné. Ouvrez la cage, maintenant.
Dimanche 3 mai
Je suis allée me promener à 6h ce matin. Personne dans les rues, des lumières aux fenêtres, des télés allumées, déjà. Concert d'oiseaux. J'ai croisé les premiers joggers à 6h25, à 7h30 ils sont tous là. Essayer de partir plus tôt, à 5h30, aux premiers pépiements d'oiseaux. Je suis retournée voir le cygne d'hier : il était toujours aussi soigneux pour améliorer son nid, ses petits vont être gâtés, j'espère que tout le monde va arriver à bon port.
En rentrant, j'ai nettoyé la salle de bains. J'ai délogé deux araignées. Une troisième, plus grosse et plus expérimentée, a réussi à déguerpir dans un coin inaccessible. Inaccessible, ça ne l'est jamais vraiment. J'ai remis à Demain la tâche d'accéder à ce coin inaccessible, en recommandant bien à Demain de ne pas confier cette tâche à Jamais. Mais ce Demain n'est pas très consciencieux avec ce qu'on lui confie.
Lundi 4 mai
Je suis allée me promener à 5h30. Oui, c'est la bonne heure. Premiers pépiements à 5h15. Puis le concert avec solistes monte en puissance de 5 h30 à 5h45, pour ensuite repartir descrescendo. C'est somptueux et cela vaut tous les concerts à la Philarmonie.
6 h, je suis allée rendre visite au cygne pour avoir son darshan. C'est très touchant et gracieux. Si fragile, il est à la merci de tous les dangers. J'espère que tout va bien se passer pour eux.
Je suis rentrée en vélo, en prenant un velib. Cette semaine, il faut que je m'entraîne à circuler en vélo dans Paris, en vue de la reprise. Je n'y étais pas parvenue pendant la grève : je trouvais peu de vélos en fonctionnement, et quand j'en trouvais un, vu les conditions de circulation à ce moment-là, je paniquais et le laissais au bout de 5- 10 mn. Maintenant est le moment idéal. Dans mon quartier, à 7h du matin, en temps de confinement, c'était plutôt facile et même presque agréable. Mais, en pleine journée, dans le centre, avec la reprise et tous les parisiens mal vissés de retour, c'est tout sauf gagné, j'ai énormément de chemin à faire pour arriver à faire cela.
9 mai
Deux derniers jours de confinement.
Depuis hier, j’apprends à reconnaître le chant de chaque oiseau. Faire cela m’aide à les comprendre davantage, à comprendre mieux pourquoi ils chantent et comment ils vivent, le début d’un partage de ce qu’ils ressentent. Tout cela est à la fois très beau et très sérieux. Ils ne chantent pas pour célébrer le soleil levant, ni même parce qu’ils sont heureux d’être vivants. Il s’agit de marquer son territoire et d’attirer le partenaire dans cette période cruciale du printemps. Ce n’est pas toujours doux : j’ai vu deux corbeaux batailler férocement ce matin. Cet aspect fonctionnel de leur chant ne déclasse pas du tout leur beauté, au contraire : c’est toute l’intelligence de ces oiseaux qui s’y exprime et la façon dont leur chant et leur comportement s’harmonisent avec le flux de la vie, bien plus que les nôtres. Ils ne sont pas juste de très jolis bêtas posés sur une branche à gazouiller joliment et comme des niais : ils sont forts et intelligents. Et en plus ils sont magnifiques et chantent superbement. Tant mieux pour nous ; mais la beauté du plumage et ramage de M. Rossignol est destinée à Mme Rossignol, nous sommes comme des squatteurs de salle de concert quand nous écoutons leurs trilles amoureuses. Je continue à sortir chaque matin à 5h30 et à faire le tour des Buttes-Chaumont pour écouter leur chœur matinal
10 mai
Dernier jour de confinement. Rien de bien notable pour cette journée, sinon qu’Olivier et moi avons dansé le soir, dans le salon, sur une playlist qu’il avait concoctée.
Bilan de ce confinement : pas de transformation opérée, seulement des petites choses qui ont été un peu abordées. Parmi les choses nouvelles, la plus importante :-
- Aller se promener à 5 h30 pour aller écouter le chœur matinal des oiseaux, et commencer à apprendre à différencier le chant de chaque oiseau et comprendre le comportement et habitude de chacun. Mais le soleil va se lever de plus en plus tôt et cela va rapidement ne plus être jouable. S’en souvenir pour le printemps prochain.
- J’ai beaucoup observé les cycles de floraison des arbres : confinée à Paris, je n’ai jamais pu profiter aussi bien du printemps. J’ai rencontré un couple de cygnes, Mme Cygne couve : je lui ai rendu visite chaque matin depuis une semaine. Beaucoup de leçons de courage données par Mme Cygne.
- J’ai donné des cours de yoga en ligne à mes élèves. Je vais continuer au moins jusqu’au 2 juin, et sans doute au-delà. Belle expérience d’enseigner aux personnes concentrées dans la tranquillité de leurs domiciles très variés. Ils étaient nombreux et, ayant moins de contraintes, plus réguliers qu’à l’ordinaire. Une conscience de groupe s’est créée, au fil des semaines. Malgré les limites (j’ai peu de recul chez moi, et pas facile de montrer ; certains ont peu de recul chez eux et je les vois mal ; je ne peux pas les corriger manuellement), d’autres avantages : des perspectives inédites qui me permettent de voir beaucoup mieux certaines erreurs à corriger, notamment sur les points-clefs du placement du bassin et du dos. La limite aussi des errances de la technologie : vendredi dernier j’ai perdu ma connexion pendant 3 ou 4 minutes ; cela a été la seule fois et j’espère que cela ne se reproduira pas, mais cela peut se reproduire. En tout cas, c’est une bonne ressource découverte dont je pourrai me resservir, même quand tous ces tracas seront loin derrière nous. Notamment pour des cours pendant l’été ou bien mettre en place d’autres types de cours.
- J’ai maintenu mes pratiques de yoga et de danse tous les jours, en me concentrant sur mes points faibles. J’ai amélioré mes équilibres. J'ai maintenu un peu de pratique de karaté et de guitare, mais pas beaucoup. Je n'ai pas eu le temps, en fait (!)
- Depuis une semaine, je me suis exercée à circuler en vélo tous les matins à 7h pendant une trentaine de minutes. A 7h, dans le 19ème, en période de confinement, c'était facile et agréable. A voir comment je peux transposer cela dans des conditions de circulation habituelles au centre de Paris. Cela me ferait un beau changement si je parvenais à me sentir à l'aise, une bonne chose mise en place, même passée la période critique. A suivre. J'ai un fort doute sur mes capacités dans ce domaine, mais ne lâchons rien.
- j’ai nettoyé chez moi. Mais il reste à faire derrière le frigidaire, sous le meuble du lavabo salle de bains, et tout un placard dans la chambre à ranger.
Je vais ouvrir un nouvel article dans ce blog : « journal de déconfinement », que je tiendrai à jour pendant quelques temps, afin de rester un peu dans le même flux quelque temps, faire une transition et observer les fruits du confinement.
Au revoir les confinés. Bonjour les déconfinés.
Merci à ce beau printemps dans le 19ème