La méditation

Pistes et réflexions pour une pratique de la méditation

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La pratique de la méditation vise un état d'éveil, de présence à ce qui est, ici et maintenant.

   Par l'immobilité physique, elle donne l'opportunité de se dégager de tout ce qui voile la présence à soi-même.

   Il ne s'agit pas d'ajouter, mais de se donner une opportunité d'enlever tous les voiles qui masquent notre être véritable.

   En s'asseyant régulièrement, en faisant chaque jour un petit peu de rien, on se donne l'opportunité d'être présent, directement, tout de suite, à ce qui est, ou d'y accéder progressivement, par un apaisement, dans la durée.

   Cet état de présence est comme un exercice de musculation de la conscience de soi, pour imprégner cette présence à soi dans le quotidien.

Combien de temps méditer.

 On peut commencer par un quart d'heure de méditation par jour. Le matin, le plus tôt possible,  juste après le lever, est un bon moment pour méditer : tout est calme et silencieux, les énergies son  fraîches, avant que l'agitation de la journée ne commence. De plus, il est plus facile d'être régulier dans sa pratique: il suffit de décider de se lever un peu plus tôt. Puis, on peut, progressivement, allonger ce temps de méditation jusqu'à une demi-heure. Puis, avec le temps, sentir s'il est possible d'intégrer un deuxième temps de méditation, en fin de journée, par exemple après la journée d'activité, avant le repas du soir, ou avant de se coucher, selon le contexte dans lequel on vit. Avec le temps et le goût développé pour cette pratique, ce temps de pratique peut être doublé (deux fois une heure) , si notre contexte de vie le permet.

 Quel que soit le temps de méditation pour lequel nous nous décidons, il est bien qu'il soit régulier. Si possible aux mêmes heures et exactement au même endroit. Idéalement, porter des vêtements spécialement réservés pour cette pratique, en tous cas des vêtements souples, et pas ceux  portés à l'extérieur, pendant la journée. Il se crée, ainsi, un certain cérémonial autour de la pratique : le corps entre alors plus facilement dans le sillon tracé par la pratique, jour après jour, et celui-ci trouve de meilleures conditions pour s'approfondir ; en outre, ce sillon réduit considérablement la brèche par laquelle pourrait s'introduire le mental pour empêcher cette pratique par mille prétextes fallacieux.

La posture :

   Assis sur un coussin, jambes croisées ou en lotus, le dos bien droit, les épaules ouvertes, genoux au sol.

   Veiller à avoir un bon coussin, bien ferme, et de l'épaisseur qui convient à l'ouverture des hanches et à la flexibilité générale du corps, afin que les genoux puissent toucher le sol ( ou le plus près du sol possible) et que le dos soit bien droit. Idéalement, installer un petit tapis de sol, sous le coussin, afin d'isoler la pratique du sol sur lequel on marche.

   Les yeux peuvent être fermés, ou mi-clos, comme dans la posture de zazen, ou bien grands ouverts, pour ne pas différencier l'intérieur et l'extérieur. Cette dernière pratique permet d'intégrer, plus naturellement, la présence à soi vécue pendant l'assise, pour ne pas en faire un moment complètement séparé du reste de l'activité, et pouvoir vivre, tout le temps, les yeux grands ouverts, en percevant l'ici et  maintenant et l'unité de tout ce qui est.

   Il faut trouver la pratique qui convient le mieux, ou alterner les moments yeux ouverts ou fermés, ou encore changer sa pratique avec le temps.

   Il est bien de trouver une pratique qui convienne et ne soit pas fastidieuse mais, aussi, de ne pas s'enfermer dans des habitudes : la pratique de l'assise devenant alors une prison formelle de plus, nous éloignant de la présence à soi, plutôt que nous en rapprocher (ces remarques sont applicables également à la pratique des asanas).

   Il en est de même pour la position  des mains : il est possible d'avoir les mains simplement posées sur les genoux, paumes tournées vers le ciel ou vers les genoux, ou encore en Chin Mudra, ou pouces ensemble, comme dans la posture de zazen.

   Si la posture avec les jambes croisées est trop difficile à tenir, il est tout à fait possible de méditer assis sur une chaise ; veiller, alors, à avoir le dos bien droit, la colonne étirée mais sans tension, les pieds bien à plat au sol.

La pratique :

   Il est possible de pratiquer la magnifique posture de zazen, dans l'esprit de la Voie du Zen.

   Je renvoie à ce lien pour les indications de base: http://www.dojozenparis.com/accueil/accueil.php

  Et à la bibliographie de notre site, section voie du Zen , pour avoir des indications plus approfondies : https://www.prajnana-yoga.com/pages/bibliographie.html

   Sinon, il existe différentes techniques pour méditer.

  Certaines techniques utilisent la répétition mentale d'un  mantra et recommandent de se concentrer sur une partie du corps (point entre les sourcils ou plexus solaire).

   Je présenterai, ici, une manière de procéder moins orientée vers la concentration, mais plutôt vers une vigilance: une vigilance à tout ce qui est , englobant tout, circulant librement dans le corps, dans la conscience et à l'extérieur, sans rien exclure, pour mieux conscientiser l'unité du Tout.

   Dans cette libre circulation, certains points du corps peuvent servir d'ancrage auxquels revenir quand l'esprit se disperse : le Hara, les genoux au sol, la respiration abdominale, le mouvement du diaphragme.

   L'intention de départ est primordiale : s'asseoir pour soulever les voiles qui nous séparent de ce qui EST.

   Commencer la méditation en plongeant directement, immédiatement, sans l'intermédiaire d'aucun véhicule,  dans ce qui est là.

   Ce qui est là est toujours le même, mais dans l'illusion qui forme notre chemin, la forme de ce qui est peut changer d'un jour à l'autre.

  Ce qui est là, tout de suite, ce jour, ce peut être un flux de pensée qui nous entraîne.

  Ce flux de pensée, dans l'assise, n'est pas à fuir, ni à mépriser, à juger, mais à comprendre. Ne pas s'accrocher, mais ne pas masquer.

   Il a sa raison d'être, il dit quelque chose, avec précision, il mérite considération, comme toute forme d'être.

   Il n'y a pas de modèle de méditation.

   Une méditation sera différente à chaque fois, quelles que soient les volontés de contrôle que l'on voudrait y appliquer.

   Rester ouvert et accueillant à tout pourrait être une attitude juste.

Quelques pistes pour ce voyage :

   Observer le mouvement de la respiration, comment il se modifie, y revenir régulièrement.

   Voyager dans une rêverie associative, quand ce sont les images, les pensées, les émotions qui se présentent (venant quelquefois d'un passé lointain, quelquefois très lointain), avec l'intention d'explorer, d'interroger ce qui est dit, par le ressenti, d'en connaître la nature exacte.

   Revenir régulièrement au silence, à la présence, en ramenant l'attention et le ressenti sur les points d'ancrage cités plus haut.

   Absorber tout ce qui est autour, le bruits par exemple, goûter leur texture, complètement, sans réserve. Tout est moi, tout est le Soi, je ne laisse rien à l'extérieur, rien d'étranger. Si j'exclue quelque chose, c'est toujours avec un jugement de valeur qui n'a aucun fondement réel ; j'exclue sur la base d'une comparaison, entre ce qui est et ce qui devrait être,  je crée une dualité entre une image que j'ai du du Soi et une image que j'ai du non-Soi, je rétrécis, sur la base de conceptions illusoires (même, quelquefois, soutenues par des traditions millénaires). Je ne suis plus en contact avec l'Etre, le Soi, mais je navigue à travers les voiles de mes variations habituelles, conceptions, croyances, enfermées étroitement dans les limites de mon individualité, même tissées dans les voiles flatteurs de ce qui est communément appelé spiritualité. Si j'absorbe tout, je m'élargis et je me fonds dans ce qui EST.

   Etre ouvert, vigilant. Orienter, mais ne pas manipuler (sinon, c'est nous qui sommes manipulés, une fois de plus). Ne pas fuir, ne pas lutter, mais nager habilement avec le courant.  Etre vigilant, mais ne pas se concentrer en excluant, en réduisant. Trouver un juste équilibre entre la volonté de contrôle (toujours vaine, car faisant le jeu de l'ego et du mental et l'alimentant ), et la passivité. Activement passif, comme l'exprime Swami Prajnanpad, comme dans le contact avec le quotidien, instant après instant.