Méditation
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Pourquoi méditer. Ou pas
- Par fabienne-prajnana
- Le 05/11/2025

Je ne veux pas écrire, ici, un article sur les bienfaits de la méditation.
En fait, je ne crois pas qu'il y ait des bienfaits engendrés par la pratique de la méditation. La méditation ne fait pas du bien.
Tout au plus, on peut s'aventurer à dire qu'il semblerait que la pratique de la méditation pourrait quelquefois transformer (pas toujours, on peut souvent observer certains cas de sclérose, de fossilisation, même). D'autres fois (encore beaucoup plus rarement mais ceci devient, rapidement, le but des pratiquants réguliers ou même du novice déterminé) : faire basculer tout à fait la vision du monde et faire Un avec celui-ci.
Je voudrais simplement explorer quelques pistes autour de cette question :
Pourquoi s'asseoir, pour méditer, une, deux fois, six fois par jour?
Pour un quart d'heure, une demi-heure, une heure, quatre heures?
Swami Prajnanpad a dit, un jour, à ce propos, à l'un des ses élèves : "Non, ne faites pas de méditation. Cette recherche d'une conscience lucide continue est en elle-même une méditation. La méditation, ce n'est pas rester assis à la même place comme une vache. Non. Vous devez avoir une conscience lucide".
Voilà qui est direct et semble donner une réponse claire à la question.
Toutefois, Swami Prajnanpad, questionné par le même élève (ou un autre élève), un autre jour, à propos de la méditation, lui donnait des indications précises sur la nature de la méditation et la manière de procéder. Et aussi, sans être questionné, lui recommandait de trouver un moment dans la journée, toujours à la même heure, pour relaxer complètement son corps et son esprit.
Il n'y a pas de réponse définitive, dans ce domaine, et pas de réponse identique pour chaque personne. Pas de recette pour l'Eveil. Nous entrons dans un domaine où le paradoxe doit être cultivé , si nous ne voulons pas que la méditation devienne un nouvel exercice pour se rétrécir encore davantage dans nos certitudes
Dans la Voie du Zen, méditer, faire zazen, c'est le Chemin même.
Dans d'autres voies, la méditation est l'un des outils, parmi d'autres, dans ce qui est identifié par l'aspirant comme un chemin vers sa Libération et la Réalisation de Soi.
Dans les débuts d'une pratique, de yoga ou autre, la méditation est quelquefois employée comme un outil de bien-être, pour se calmer, se concentrer, s'ordonner, au même titre qu'une quelconque technique de relaxation, et elle remplit, souvent, de façon très satisfaisante, le rôle qui lui est ainsi attribué.
Que faire et décider, donc, pour soi-même ? Comment comprendre la place que l'on veut faire (ou pas ) à la pratique de la méditation dans sa vie?
Dans ce genre de domaine, force est de constater que, la plupart du temps, on ne choisit rien, réellement. De méditer ou pas, et quelle technique de méditation on va décider être la plus juste pour la mettre en pratique.
Les opportunités se présentent, comme divers messagers, où l'on est, en réalité, à la fois l'expéditeur et le destinataire, et l'on est attiré, absorbé, intéressé, ou l'on passe à côté sans s'arrêter, et tout semble une affaire d'histoire, de sensibilité personnelle ( de karma, de destinée, dans une autre perspective ou, dans une autre perspective encore, de coloration du rêve personnel).
Si l'on ne choisit rien, réellement, pourquoi se questionner, alors?
Quelques pistes encore.
Ne pas confondre nager avec le courant et s'enfoncer dans la torpeur et la paresse.
Peut-être qu'il n'est pas nécessaire de méditer pour se réaliser pleinement, selon la représentation que l'on se fait, à chaque nouvel instant, de ce qu'est cette complète réalisation, ou selon les tentatives que l'on fait de n'en avoir aucune représentation.
Peut-être bien, même, que cela ne sert à rien. Cela arrangerait bien ma paresse. : "je n'ai pas envie de méditer, je n'en ai pas le courage" se transforme en un confortable : "je n'ai nul besoin de méditer". Cela arrange bien ma vanité qui prétend que je n'ai nul besoin de cela pour exercer ma vigilance au quotidien : je suis trop fort dans ce domaine.
Vigilance, sensibilité à tout ce qui est, à l'intérieur de moi, à l'extérieur de moi. Observation, curiosité, analyse ; goûter, explorer, découvrir.
Goûter la texture exacte qui constitue mon chemin, jusqu'à m'apercevoir qu'il n'y a pas, réellement, de chemin et que tout est déjà là.
Mais ce serait une fausseté de réciter ceci, qui ne serait qu'une idée et un rêve de plus, me voilant, me volant, donc, encore davantage, la Réalité, avant de l'avoir expérimenté, goûté par moi-même, perçu, senti, vu.
Alors : observer, expérimenter, si la méditation est, ou non pour moi-même, exactement tel que je suis maintenant, un outil de grande valeur pour muscler ma capacité de vigilance. Suis-je vraiment capable, aujourd'hui, maintenant, de pratiquer cette vigilance au quotidien sans, quelquefois, m'asseoir sans autre objet d'observation que moi-même?
Donc, chaque jour, s'asseoir, pour faire un peu de rien, expérimenter, examiner, en toute honnêteté et avec une sensibilité très aiguisée, vraiment, si cet outil m'appartient, dans ce que je peux encore ressentir aujourd'hui comme étant une Voie. En évitant de laisser la paresse, la vanité, les habitudes mentales, préconçus et autres croyances (que je pourrais prendre pour des réflexions), ou même un autre (serait-ce un Autre que j'aurais décidé d'appeler Maître), répondre à la place de ma sensibilité.

Initiations à la pratique de la méditation : Méditation - Paris
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Pratiquer seul ou en groupe ?
- Par fabienne-prajnana
- Le 05/11/2025

Dans quelle mesure la pratique (de la méditation, des asanas, de la sadhana) en groupe est-elle utile, nécessaire, profitable ou encore, sous certains points de vue peut-être, quelquefois préjudiciable, c'est sur cela que je voudrais poser quelques interrogations et quelques pistes aujourd'hui.
Les yogis aiment souvent pratiquer en groupe.
Pourquoi?
Selon mon expérience, que ce soit pour les cours de yoga ou pour la méditation, la pratique est porté par l'énergie du groupe, surtout quand celui-ci pratique toujours dans un même lieu, et les expériences y sont plus fortes, plus profondes. Cette expérience, infiniment douce, réconfortante, gratifiante, pousse à revenir, encore et encore, pratiquer en groupe pour prendre son bienheureux bain de transcendance et, quelquefois, choisir de ne plus sortir du bain.
Dans certains cas, pour les personnes peu courageuses et facilement enclines à laisser tomber leur pratique, la pratique en groupe peut-être aussi un bon outil de soutien pour persévérer, aiguiser les facultés de courage et d'assiduité.
Cette pratique d'exercices en groupe, peut s'étendre à toute une vie. Certains aspirants, deviennent moines ou séjournent, sans devenir moines, en permanence dans un ashram. C'est toute leur vie qui est soutenue par l'énergie du groupe. Dans un monastère zen, chaque instant de la journée, et toute activité, sont définis avec précision, introduits par le son du gong et de divers autres instruments, il n'y a plus qu'à se laisser couler dans le rythme, abandonnant toute initiative personnelle.
J'ai vécu, moi-même, certaines périodes de ma vie dans ces conditions.
Et si on ne pratique plus en groupe, se retrouvant seul avec sa pratique et sa vie? A t-on gagné davantage en profondeur dans la pratique, gagné davantage en sagesse, en liberté, en autonomie?
C'est ce qui ne me semble pas, aujourdhui.
Se muscler seul pour trouver l'énergie de pratiquer les asanas, la méditation ; se muscler seul à la vigilance. Le résultat ne se perd pas, quelles que soient les conditions.
Ce serait peut-être comme toujours pratiquer la posture sur la tête contre un mur.
Pourquoi faire cela? - Parce que l'on a peur. Ou parce que l'on veut une posture parfaite, bien alignée, tout de suite.
On peut ainsi rester contre un mur toute sa vie. Avec le temps, la posture contre le mur devient de plus en plus droite, presque parfaite.
Et si on enlève le mur ? (surtout si l'on a pratiqué contre celui-ci , pendant un an, deux ans, plus quelquefois) - Eh bien, on ne peut rien faire. "J'ai besoin de mon mur : j'ai fait des progrès mesurables avec lui, je veux mon mur. Je suis un adepte du mur, qui m'a tant donné, et je fais partie de la famille des pratiquants du mur, qui en témoignent tous le même bien, et sont tous très droits. Hare le Mur".
Se servir du mur, oui pourquoi pas, deux ou trois fois, dix fois tout au plus, pour prendre confiance. Plus tard, lorsque l'on parvient à monter dans la posture complète, y revenir, quelquefois, pas trop souvent, à l'occasion, pour redéfinir l'exactitude de l'alignement, d'une autre façon. Oui. Diversifications des procédés.
Mais, très vite, se passer de ce mur. La colonne vertébrale peut être en S, mal placée, on peut mettre plus de temps pour monter dans la posture complète. Mais le corps trouve, jour après jour, sa force en lui-même, ses sensations d'alignement en lui-même. C'est long, courageux, mais le résultat, c'est davantage de force et, par dessus tout, encore une fois, l'autonomie. Cela ne se perd pas.
Autre raison invoquée pour pratiquer sa sadhana en groupe : ce qui est appelé "la fréquentation des Sages".
Avoir le darshan d'un véritable Sage, séjourner auprès de lui, peut-être complètement décisif dans une vie. Jusqu'à ce que l'on puisse se tenir debout, seul.
Passer sa vie dans ce que l'on identifie comme sa famille spirituelle, ses frères et ses soeurs, peut-être très plaisant, et pourquoi s'en priver, si cela correspond à ses inclinations. Mais cela relève de tout autre chose que de la fréquentation des sages. Quel que soit, l'ashram, le temple, le monastère qui a été élu pour y passer sa vie ou pour y faire des retraites, et le temps de sadhana de certains séjournants, il n'y a souvent, en tentant de considérer les faits avec honnêteté, pas plus de raisons d'appeler un sage un frère ou une soeur, permanents ou en séjour (tous en chemin, quelle que soit la place attribuée à certains selon la hiérarchie du lieu) , que toute autre personne ne pratiquant rien de ce qui est communément rattaché à une sadhana spirituelle. Simplement, dans ce type d'endroits, tout le monde pratique la même chose, au même moment, sur le fond de certains présupposés communs de philosophie, pour ne pas dire, quelquefois, de croyances. C'est un type de vie qui peut être celui qui nous correspond, pour une période ou pour toute la vie, mais qui n'a pas grand chose à voir avec ce qui est appelé la fréquentation des Sages. Et que je ne crois pas, aujourd'hui, nécessaire au déroulement d'une sadhana efficace. Quelquefois, il me semble même qu'il peut être préjudiciable, dans certains cas, au bout d'un certain temps, en enfermant dans des habitudes et un confort, en excluant des aspects de la vie avec, souvent, un jugement de valeur à la clé ("négatif", par exemple) : il peut ainsi rigidifier, scléroser, restreindre, au lieu de libérer, et ceci avec les meilleures intentions du monde et au prix de grands efforts.
Se coltiner, au quotidien, avec les personnes, les lieux, les plus dissemblables dans leur mode de vie et pratiques que les siens propres, pourrait, peut-être bien, être beaucoup plus formateur. Parcourir, expérimenter, goûter, pleinement, sans défense et sans réserve, ce qui est premièrement perçu comme des contraires, jusqu'à percevoir l'illusion de cette dualité, englober tout, se fondre en tout, nager à l'aise avec tout courant qui se présente, soutenu toujours par le même flux de Vie.
Encore une fois, cela revient à travailler sans le support du mur pour la posture sur la tête.
Difficile, long, périlleux, et le corps trouve sa sensation et sa force seul. La force que l'on a trouvée est plus grande. L'autonomie est gagnée. L'autonomie, but de la sadhana.
Alors ?
Peut-être une habile combinaison et alternance des deux, privilégiant, selon ma sensibilité aujourd'hui, le chemin parcouru de manière autonome, où bientôt le support pourrait ne plus être d'aucune utilité, jamais; et tant mieux. Pas de famille spirituelle, pas de famille, pas de frères et soeurs, ni même de cousins. S'exposer à tout, dire Oui à tout. Ne se protéger de rien. A l'aise, partout, toujours. Unité avec le grand Tout. Et s'exercer à Cela, à cette grande ambition, peut commencer dès maintenant. Ambition et Audace.
Suivre ses inclinations, oui. Donner à son histoire personnelle, à ses demandes et à ses faims, toute satisfaction. Se servir, momentanément, de toutes les aides rencontrées, et en varier. Puis les laisser aller, s'en dépouiller, comme de tout le reste. Et ne pas, par confort, croire et déclarer nécessaire quelque chose qui n'est peut-être que de l'ordre d'une inclination, peut-être même d'une nostalgie, personnelle ou collective.
Aujourd'hui, dès maintenant, je sonne moi-même, à chaque instant, le gong , je suis à l'écoute de ce gong intérieur qui me rappelle à la Vigilance, dans tout ce que je fais, tout ce que je vois, tout ce que je suis, tout ce qui se présente devant moi, à chaque instant, et que j'accueille avec un grand Oui, tout ce qui EST.

Pour pratiquer la posture sur la tête, en groupe, et sans mur : Cours de yoga à Paris Accueil
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